(bring the silence through the noise)

keep calm, you're good bad

Depuis la suite qui lui est réservée au Fairmont Pallister, Evie termine de se faire coiffer et maquiller avant d'affronter une journée entière d'interviews et de photos. L'enfant du pays est de retour et tous les journalistes spécialisés se sont bousculés pour obtenir un interview.


JOURNALISTE - Evie Penrose, vous êtes pour la première fois de retour sur scène à Calgary, depuis que vous avez explosé à Broadway, pour interprêter le rôle titre de Miss Saïgon. J'imagine que c'est excitant ?

EVIE - C'est surtout très angoissant (rires) ! Je suis née à Calgary, j'y ai vécu jusqu'à l'âge de dix-huit ans. C'est ici que j'ai appris à chanter et à danser, dans une école à quelques rues de cet hôtel. Donc évidemment, même si c'est excitant et que j'ai hâte de monter sur scène, cela représente surtout une pression supplémentaire.

JOURNALISTE - Est-ce que vous avez encore des amis à Calgary, de la famille ?

EVIE - Malheureusement non, j'ai depuis longtemps perdu contact avec toutes les personnes que je pouvais connaître ici, mais j'imagine que c'est la vie, chacun suit sa route ... Mes parents vivent toujours en ville mais nous nous voyons peu, j'ai rarement l'occasion de revenir au Canada.

J - Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, est-ce que vous pouvez nous parler un peu de votre parcours jusqu'à Miss Saïgon ?

E - Bien sûr. Je suis passionnée par la scène depuis petite, j'ai très tôt pris des cours de chant et de danse avec l'idée d'en faire un jour mon métier. C'était plus qu'un rêve, c'était ma destinée (rires). Déjà au lycée, j'ai interprété le rôle d'Éponine dans les Misérables, pour le spectacle de fin d'année. Je suis ensuite partie pour New-York, où j'ai intégré le programme d'art dramatique de Juilliard. Après quatre ans d'apprentissage intensif, j'ai affronté les castings, les auditions, le quotidien d'un artiste à Broadway. Ce n'était pas tous les jours facile, loin de là. Après quelques années au sein de l'ensemble de différents spectacles, j'ai finalement décroché l'un des rôles-titre pour une comédie musicale Off-Broadway,  qui m'a valu une nomination pour les Lucille Lortel Awards et qui m'a offert mon premier rôle majeur à Broadway l'année suivante. Sans doute mon plus beau rôle et celui qui m'a ouvert le plus de portes à ce jour. Après avoir tenu le rôle d'Éponine pendant un an - j'ai en quelque sorte bouclé la boucle (sourire) -, j'ai décroché le rôle de Kim pour la tournée nord-américaine de Miss Saïgon. Calgary est notre deuxième étape, après quelques mois à Vancouver.

J - Miss Saïgon est un classique de Broadway. Est-ce que vous avez des points communs avec votre personnage, Kim ?

E - Beaucoup. Bien sûr, je ne compare pas ma situation à la sienne, tragique, mais comme elle, je suis une battante. Comme Kim, je suis prête à tout pour avoir ce que je veux, je ne lâche jamais le morceau (rires). Comme elle, je suis aussi passionnée et consciencieuse.

J - J'imagine que vos parents sont très fiers de vous. Est-ce qu'ils ont prévu de venir vous applaudir sur scène ?

E - Mes parents ne sont pas forcément les plus expressifs quand il est question de sentiments mais oui, j'espère qu'ils sont fiers de moi. Chanteuse, actrice, c'est vrai que ce n'est pas forcément le genre de carrière dont ils rêvaient pour leur fille unique mais je me suis battue pour leur montrer que je pouvais réussir. Je n'ai pas eu l'occasion de les voir depuis mon arrivée ici mais je pense qu'ils viendront voir le show, oui.

J - Je crois savoir que vous vous êtes récemment mariée au metteur en scène Andrew Davis, félicitations ! Est-ce que cela ne vous donne pas envie de faire une pause dans votre carrière, peut-être fonder une famille ?

E - Merci beaucoup. Aucun pause n'est au programme pour le moment. La tournée va durer au minimum un an et demi, j'ai également d'autres projets en cours, j'ai vraiment envie d'en profiter au maximum. Je pense que je suis à un tournant de ma carrière, à moins de le négocier correctement. Je n'ai pour le moment pas le souhait d'avoir des enfants mais qui sait, cela viendra peut-être un jour.

Alors que le journaliste quitte enfin la pièce, Evie peut enfin abandonner le masque. La sonnerie de son téléphone retentit. Sur l'écran, une photo de Gabrielle envoyée par Joséphine - enfin, la brune suppose que c'est Gabrielle. L'adolescente est son portrait craché, il serait bien difficile de le nier. Les larmes lui montent au yeux mais Evie respire un grand coup pour éviter qu'elles ne coulent sur ses joues avant le prochain interview.