liquid lunch (charlotte)

keep calm, you're good bad

t'aimes le café vanille + monaco et paris + quand la balance indique que tu as encore perdu du poids + le sexe + la cocaïne qui te fais te sentir belle et invincible + faire la fête, t'entourer d'inconnus, chasser la solitude + boire du champagne, fumer des joints + les secrets des autres + faire souffrir ton père, tous les moyens sont bon pour ça + claquer tout ce fric qui ne sert à rien + tomber amoureuse + inconsciemment ? tout ce qui peut te détruire.

t'aimes pas tes anciennes photos + qu'on te fasses poireauter + quand ton jumeau essaie de jouer les grands frères pour t'imposer sa loi + la graisse et toute la panoplie de bourrelets vergetures qui vont avec + qu'on te poses des questions sur ton alimentation + les paparazzi + les enfants en bas âge et quand ta mère t'annonce qu'elle est enceinte de ton beau père - vive le trisomie 21 à c't'âge là + les hôpitaux, médecins, & co qui prétendent mieux savoir que toi ce dont t'as besoin pour être heureuse.

j'ai trop d'argent. j'ai trop de fringues de grands couturiers, de bijoux de créateurs mais jamais rien à me foutre sur le dos. je sors tout le temps, j'ai mes entrées partout, j'ai un jet, des villas en bord de mer, à monaco, à new-york, mais je ne suis chez moi nul part. j'ai plus de voitures qu'un collectionneur, et elles ne me servent à rien parce que je ne conduis pas. j'ai suffisamment de coke pour tuer la moitié des égéries de jean paul gautier, mais pas assez pour être vraiment heureuse. j'ai trop de contacts dans mon iphone, mais ce ne sont que des simulacres d'amitié, des vautours qui attendent que je m'effondre pour venir baver autour de mon cadavre. je suis belle, je suis jeune, je pourrais avoir tout ce que je veux, mais je ne désir rien. je suis une héritière, et je m'emmerde, je claque du fric pour oublier que j'ai trop de temps,
et j'évite de manger pour pouvoir supporter mon reflet dans le miroir.

avant, ils disaient que j'étais quelqu'un. comprenez : les grands couturiers faisaient la queue pour me voir porter leurs créations, les magazines se disputaient mes photos quand les paparazzis arrivaient à en obtenir, et on parlait de moi partout. mais je n'étais personne. rien qu'une publicité mensongère, du vent, du faux-bonheur sur papier glacé. je passais mon temps entre les défilés, les podiums, les galas et les soirées. j'allais de mondanités en projet x party pour mannequins décérébrées en manque de divertissement. on tapait, on dansait et on baisait. dans la piscine, dans la limousine, ou dans des chambres d'hôtels louées pour l'occasion. on baisait partout, pour rien, et avec n'importe qui, juste pour se sentir partir. on était pitoyables, j'étais pitoyable. on souriait sur des photos qu'ils retouchaient après, pour faire disparaître les imperfections et faire apparaître de la lumière dans nos yeux vides. on était toutes anorexiques et droguées jusqu'à l'os, des morceaux de viandes dans de coûteux emballages. prêtes à être pesées pour qu'on nous achète.

je pouvais plus supporter l'idée, alors je me suis barrée. du monde du mannequinat, et de paris la crasseuse, j'ai coupé les ponds avec tout le monde et je suis rentrée au bercail. retour à le case départ.