Sujet: Re: Juste la fin du monde → Priam Mar 23 Jan - 22:44
longue journée, princesse. énième rendez-vous à l'hôpital, rendez-vous où on t'a un peu plus pris la tête avec c'putain de gamin qui grandit dans ton ventre, l'résultat d'ta plus belle connerie, l'résultat qu't'as récolté après avoir osé t'abandonner dans les bras de mael, il y a trois mois de ça. sombre punition, putain d'punition. t'as cru qu't'allais chialer, priam. t'as cru qu't'allais craquer, devant la gonzesse vêtue d'une blouse blanche qui a pris l'temps d'te rassurer, d'te dire qu'néanmoins, si tu fais attention, y'aura pas de souci. qu'ça ira bien. et t'as pas cessé d'le dire, toi, qu'tu veux pas de ce grinch, de c'truc qui prend déjà trop de place dans ton existence. terrorisée, jolie blondie, qu't'es rentrée. dans l'brouillard, perdue, la sensation qu'ta vie t'file entre les doigts. qu'ça t'étais pas destiné, ça, qu'c'est un coup du sort.
priam, t'annules tout, aujourd'hui. annulée, ton heure de skate, annulée l'heure où t'aurais dû donner un cours à des adolescents prépubères en manque d'adrénaline, où t'aurais compté les chutes, où tu t'serais marrée dans ton coin. non, t'as pas la tête à ça, t'as pas la tête à sourire, à faire semblant, à gueuler après des débiles pas attentifs. tu t'es affalée dans ton lit, en rentrant, t'as coupé ton téléphone, ignoré les quelques messages d'la bande, ou même d'mael. t'as pas vérifié, à vrai dire, l'garçon, depuis qu'tu l'as envoyé bouler, depuis qu'tu l'évites, il t'parle pas, il t'parle plus et secrètement, sweetie, t'aurais aimé qu'il t'retienne. t'aurais aimé t'dire qu'tu traverses pas cette passe seule. bordel. combien d'temps t'es restée là, les yeux rivés sur l'plafond, dans l'vide ? des heures. l'après-midi qui a défilé, l'silence qui a régné en maître, l'jour qui a fini par détaler alors qu'tu t'décides à t'lever, à appeler l'boss notamment pour t'excuser d'ton absence. puis y'a un bruit, et tu sursautes, princesse, alors qu'tu retournes dans ta chambre. tu sursautes lorsque tu vois paco, là. ton coeur qui s'arrête quelques secondes sous la surprise. j'ai merdé pri. regard interrogateur d'ta part, quand tu rejoins ton ami, dans un silence d'plomb. comme si bouche cousue. tu l'sens pas serein, paco, tu l'sens pas comme d'habitude, c'est pas l'crack qui l'fait délirer, l'crack que tu voudrais l'voir éradiquer d'sa vie à jamais, l'crack dont t'as peur. tu veux pas apprendre qu'il est mort, un beau matin. mort en junkie. ça t'fait peur, même si tu l'dis pas, même s'il l'saura jamais. j'ai merdé grave... et ça t'inquiète, priam, parc'que t'sais bien qu'il s'met pas dans des états pareils pour rien, l'gaillard. qu'c'est pas un d'ses bad-trips à la con. soupir. on est deux.. qu'tu finis par souffler, doucement. y'a pas d'froideur dans tes paroles, pas d'masque. chienne de vie, pas vrai ? qu't'ajoutes, avec un fin sourire en coin. raconte moi, paco..
Sujet: Re: Juste la fin du monde → Priam Mer 24 Jan - 0:34
il rit à moitié, l'garçon, et ça t'fait un peu sourire tandis qu'il vient faire écho à tes précédents mots, balancés, comme ça. et tu l'regardes, tu l'détailles attentivement, paco. tu cherches à trouver la faille chez lui qui trahira c'qu'il te cache, c'qu'il a à te dire. tu l'vois parcourir la pièce, et tu lui demandes, toi, priam, c'qu'il se passe. tu lui demandes de t'raconter et tout c'que tu t'prends, c'est un mur dans la gueule. paco fermé, paco probablement perdu et une partie d'toi pense à cette gamine à la con dont il s'est amouraché. quelle idée. t'as jamais approuvé, tu lui as jamais caché. persuadée qu'cette gosse serait source d'emmerdes, pour lui, pour l'groupe. t'aimerais avoir des superpouvoirs, pri, ceux qui permettent d'voir c'que pensent les gens, remonter l'temps aussi, revenir à cette soirée d'corps à corps avec l'français et intervenir, réagir pour n'pas te retrouver dans l'état qu't'es, actuellement. merde, tu l'as rarement vu accro comme ça, tu l'as rarement vu perdu comme ça, l'ruiz. lui qui fait pas dans la dentelle, qui manque trop d'tact, le v'là chamboulé par je n'sais quel évènement. ses prunelles croisent tes abysses, tes abysses qui l'supplient intérieurement d't'expliquer, d'te dire, d'te permettre de l'aider. parc'que paco, il fait partie des rares personnes à qui t'as osé t'attacher, il fait partie des personnes qu'tu défendras envers et contre tous. un allié, un soutien sans faille. existences en chute libre, voilà c'que vous êtes. des gosses voués à s'ramasser la gueule à répétition, à s'brûler les doigts en frôlant l'rêve. l'genre à c'que la vie vous colle des gifles sans sourciller, sans reculer. tu t'perds dans ton propre brouillard, tes yeux quittent momentanément ceux du mexicain, tes yeux qui s'baissent vers ton propre corps qu't'as peur d'voir changer, ton propre corps qui t'terrifie. et ses mots, ses mots qui t'ramènent alors qu'tu partais, alors qu't'en revenais à t'poser la question : comment tu vas faire ? elle était bien trop jeune, putain... aussitôt, regard changeant, éclair foudroyant. impétueuse princesse de glace. tu l'scrutes, paco, tu l'quittes pas des yeux. je t'avais prévenu, paco. tu secoues la tête, sourcils froncés. tu lui avais dit, d'se méfier, d'pas foncer tête baissée. elle était trop jeune et j'le savais bordel... t'approuves d'un signe de tête, tu t'mords la lèvre inférieure, ça t'file un pincement au coeur d'le voir comme ça, mais merde, priam, t'es bien placée pour savoir qu'on apprend d'ses erreurs. bon. et il est où l'problème ? parc'que, qu'c'était pas une bonne idée d'te taper une gamine, ça, tu l'savais, ça fera pas la une du new york times.
Sujet: Re: Juste la fin du monde → Priam Mer 24 Jan - 13:24
il t'rit à la gueule, l'mexicain, et tu fronces un peu plus les sourcils, tu croises tes bras, dévoilant clairement ton mécontentement face à la situation. bordel, c'est pas comme si t'avais suffisamment d'problèmes à t'soucier pour qu'il vienne en ramener à son tour, pour qu'il vienne t'ramener une nouvelle source d'inquiétude. un air réprobateur collé au visage, tu l'fusilles du regard. c'est là qu'tu t'trompes blondie.. il marque une pause, il s'tait et t'as envie d'le secouer pour qu'il continue, parc'que t'as l'impression qu'il t'cache encore un truc, qu'c'est désagréable. crache l'morceau, ruiz. qu'tu craches froidement. parc'que tu l'avais prévenu, tu lui avais dit, et il a eu l'culot d'te dire qu'il gérait. gérait quoi ? rien du tout. et merde, priam, tu dois t'retenir pour pas lui en claquer une, lui décrocher la mâchoire, lui filer un bleu dont il s'rappelera longtemps. bordel, son idée d'accorder une seconde d'importance à cette gamine, ça a été aussi débile que la tienne, d'accorder une chance, un moment, à mael. t'as la colère dans l'bide, princesse, la colère dans l'bide, l'brouillard dans la tête. et il vient s'allonger, l'brun, il vient s'allonger et t'inviter à l'rejoindre. mais priam, t'as pas l'coeur à ça, t'as pas l'coeur à des enfantillages, et tu lui montres, tu caches pas. l'fait qu't'aies pu t'dire que tu pouvais t'aventurer avec cette gamine, c'est autant stupide que tout c'qu'il s'est passé avec mael. regarde où on en est. tu soupires, tu l'quittes pas des yeux, il serait probablement mort à l'heure qu'il est vu la façon dont tes prunelles lui lancent des éclairs. son daron a découvert le poteau rose.. il est v'nu au garage. et il a étalé sa monnaie comme s'il se torchait le cul avec pour que j'oublie sa fille. le double pour que je passe pour un connard manipulateur de pucelle. et t'es étonnée, là, maintenant. t'es sur l'cul, honey. lui, qui refuse d'la tune. lui, qui s'laisse submerger par une histoire pareille. bienvenue dans l'monde des gens friqués, bienvenue dans l'monde des rapaces. qu'tu te contentes d'lui répondre, c'est comme ça qu'ça marche, chez nous, paco. l'fric ou les emmerdes. souvent les deux, aussi. mais elle m'a fait serré, j'ai pas pu. atmosphère changeante, atmosphère qui t'file les jetons, qui t'fait flipper un peu plus. merde, qu'est-c'qu'il vous arrive ? elle est passée où, votre adolescence ? elles sont passées où, vos soirées à rire comme des crétins ? tu l'sens presque faible, ton ami, et ça t'fait mal d'le voir comme ça. t'as beau faire, t'es pas insensible, tu peux pas l'être. alors, tu viens enfin l'rejoindre, parc'que tu l'abandonneras pas. il menace d'me coller un procès. et ton palpitant qui rate un tour ou deux, inquiétude montée en flèche, tu secoues la tête, tu peux pas y croire? c'est pas vrai... qu'tu souffles, dans quelle merde tu t'es mis..
Sujet: Re: Juste la fin du monde → Priam Jeu 25 Jan - 0:06
t'as le regard sombre, y'a rien qui change, rien qui s'dilapide dans le temps. il soupire, mais t'es persuadée qu'il l'sait, qu't'as pas tord, au contraire. qu't'as entièrement raison, t'en es sûre, toi. aussi sûre qu'il est mené par sa frénésie d'l'interdit, frénésie qu't'as jamais compris. t'as l'impression qu'il a jamais quitté l'enfance, l'beau garçon, qu'c'est un éternel enfant. est-c'qu'il nous y développerait pas un petit syndrome de peter pan ? ça t'fait sourire inconsciemment, petite priam. et tu divagues, t'évoques mael, t'évoques le bordel intersidéral d'ta vie. t'en dis pas plus, tu restes brève, parc'qu'on parle d'lui, pas d'toi. alors, t'interrompras pas ça, parc'que tu sais qu'ça lui fait du bien d'vider son sac malgré ta franchise trop présente, malgré ton pessimisme perpétuel. tu lui fais pas d'dessin, tu lui dis c'que tu penses. qu'il fallait pas jouer chez les pompes à frics. qu'il fallait pas s'frotter aux grands maîtres d'une société qu'tu n'détestes que trop bien, un peu plus, chaque jour qui défile. priam, l'anticonformiste, priam, qui s'met en désaccord d'tout. pas elle. tu roules des yeux. dans quel monde il vit, lui, dans sa tête ? les bisounours ? tu réponds pas, princesse, tu laisses couler, parc'que qu'est-c'que tu pourrais lui dire, t'façon ? t'es bien mal placée, toi, enceinte de trois mois d'un mec qu'tu détestes à la base et qu'désormais, t'as imprégné dans la peau, malgré toi. alors vaut mieux être pauvre, au moins, les gens savent pourquoi on fait c'qu'on fait. et on vient pas te racler jusqu'à la peau pour quelques billets. un peu d'sang et l'humilité, et c'est réglé, tu prouves ta valeur par tes poings histoire de dire que t'es un mec un vrai. t'as pas d'menace de procès, à la limite une bonne raclée en juif et on t'fout la paix. il a pas tord, pas entièrement. pas entièrement raison non plus. c'est c'que tu t'apprêtes à lui répondre alors qu'tu t'installes à ses côtés, comme autrefois, comme l'ado de seize ans que t'as été. l'ado qui venait s'réfugier auprès d'lui, quand les coups de papa étaient trop forts, quand les bleus s'étendaient sur ta peau porcelaine. si seulement être pauvre suffisait pour qu'on foute la paix aux gens.. parc'que tu t'en souviens, des magouilles de papa qui ont détruit la vie d'bien des gens. ça t'fait trembler d'y repenser, et paco t'met un bon coup de massue lorsqu'il vient t'parler d'un procès. paco, devant la justice. paco, devant les flics pour une gamine de merde. paco qui s'est foutu dans un sacré merdier. t'y crois pas, pri, t'as du mal à réaliser. pas lui.. j'suis né pour avoir des problèmes pri, faudra t'y faire. tu serres les poings, blondie. comment il peut prendre ça à la légère ? mais c'est pire qu'un problème putain, tu t'rends compte ? un procès, paco, putain ! qu'tu t'énerves, un peu trop fort, qu'tu t'écris, toujours trop fort. jamais dans l'excès, oakley. et toi.. c'est quoi ta merde ? tu baisses les yeux, tu l'regardes plus, ton pote, parc'que tu sais pas trop comment dire ça. tu sais pas trop comment dévoiler la chose. je.. t'inspires profondément, t'es déstabilisée. t'aimes pas t'dire qu'c'est réel. j'me suis tapé mael, y'a quelques mois et.. nouvelle pause, tu cherches un quelconque soutien d'la part d'un d'tes plus fidèles alliés. bordel, j'suis en cloque, paco. j'peux rien faire, c'est foutu.